L’asthme équin est une maladie respiratoire chronique qui affecte un grand nombre de chevaux. Il s’agit d’une affection inflammatoire du système respiratoire qui produit suite à une hypersensibilité aux particules inhalées, telles que la poussière, les moisissures et d’autres agents irritants présents dans l’air de l’environnement des chevaux et majoritairement du foin. Cette pathologie est souvent appelée obstructive récurrente des voies respiratoires (RAO) ou bronchite inflammatoire équine. Selon la gravité des symptômes, on distingue deux formes principales de la maladie : l’asthme léger à modéré et l’asthme sévère. Le terme d’emphysème est également parfois utilisé.
Le diagnostic de cette pathologie est fondamental afin d’assurer la prise en charge la plus adaptée et précoce pour garantir une bonne qualité de vie aux chevaux atteints. La gestion de l’environnement, le traitement médicamenteux et l’utilisation des médecines complémentaires sont les trois axes majeurs de la prise en charge de l’asthme équin. Ce dossier aborde en profondeur les origines, les manifestations cliniques et les solutions thérapeutiques permettant d’atténuer cette affection respiratoire.
Asthme équin : définitions importantes et origine
Deux types d’asthme : léger à modéré et sévère
L’asthme équin peut être classé en deux grandes catégories :
L’asthme léger à modéré, également connu sous le nom d’inflammation des voies respiratoires profondes, touche principalement les chevaux de sport et de loisir. Les symptômes sont plus discrets et peuvent inclure une toux persistante, particulièrement en début de travail, un jetage nasal modéré et une diminution de la performance sportive. Souvent, ces signes passent inaperçus au début et ne deviennent gênants qu’avec l’accumulation des irritants.
L’asthme sévère, aussi appelé « pousse » ou « emphysème », est une maladie inflammatoire pulmonaire chronique qui entraîne une gêne respiratoire significative. Les chevaux atteints de cette forme grave souffrent d’une dyspnée importante lors de crise aigue, avec une contraction des muscles abdominaux lors de l’expiration (=dyspnée expiratoire =ligne de pousse), et présentent une intolérance marquée à l’effort. Lors des crises aiguës, le cheval peut présenter un jetage nasal et une respiration anormalement profonde et laborieuse. La détérioration progressive de la fonction pulmonaire limite fortement l’aptitude physique de l’animal, nécessitant une prise en charge rapide et adaptée. Le pronostic vital de l’animal peut être engagé chez les chevaux asthmatique en crise.
Origine de l’asthme chez le cheval
L’asthme équin est une pathologie multifactorielle qui peut être déclenchée par plusieurs éléments, principalement environnementaux. L’inhalation de particules fines en suspension, telles que les poussières et moisissures présentes dans le foin sec, la paille et les bâtiments mal ventilés, est un facteur clé du développement de la maladie. Une exposition prolongée à ces éléments irritants engendre une inflammation chronique des voies respiratoires.
Les bactéries et champignons microscopiques trouvés dans les litières et les fourrages contribuent également à l’apparition des symptômes. Par ailleurs, les variations climatiques, notamment les températures basses et l’humidité, favorisent la prolifération des agents pathogènes et aggravent la situation respiratoire du cheval. Certains équidés présentent également une prédisposition génétique à l’hypersensibilité des voies respiratoires, augmentant leur vulnérabilité face aux allergènes environnementaux.
Asthme équin : diagnostic clinique
Signes cliniques de l’asthme léger à modéré
L’asthme équin léger à modéré est souvent sous-diagnostiqué en raison de la discrétion de ses symptômes. Un cheval atteint de cette forme de la maladie peut présenter une toux occasionnelle, particulièrement en début de séance de travail. Le jetage nasal est généralement modéré et clair, sans présence de pus ou d’écoulement anormal.
Un autre signe évocateur est la diminution de la performance sportive. Le cheval semble plus rapidement fatigué, sa récupération après l’effort est plus lente et il montre parfois une légère intolérance à l’exercice. Une respiration accélérée et un léger inconfort respiratoire peuvent être notés lors d’efforts prolongés.
Signes cliniques de l’asthme sévère
L’asthme sévère, quant à lui, se caractérise par une gêne respiratoire prononcée, souvent visible même au repos. Le cheval peut adopter une posture caractéristique, avec les naseaux dilatés et une respiration difficile. Lors des expirations, une contraction des muscles abdominaux est observée, ce qui est appelé « pousse ».
Les chevaux souffrant d’asthme sévère sont également sujets à des crises aiguës où ils montrent des signes de détresse respiratoire. Un jetage nasal purulent peut être observé, ainsi qu’une toux fréquente, particulièrement en présence de poussière ou d’humidité. Ces chevaux ont une intolérance quasi complète à l’exercice et nécessitent un traitement immédiat.
Méthodes diagnostiques
Le diagnostic de l’asthme équin est réaliser par un vétérinaire et repose sur un ensemble d’examens cliniques et complémentaires. L’auscultation pulmonaire permet d’identifier des bruits respiratoires anormaux, notamment des sifflements et crépitements caractéristiques de l’inflammation des voies respiratoires et de l’emphysème pulmonaire.
L’endoscopie respiratoire est une technique couramment utilisée pour observer l’état des muqueuses respiratoires et identifier la présence excessive de mucus. Un tube muni d’une caméra est introduite dans les voies respiratoires depuis le naseau, et permet ainsi de visualiser la santé des voies respiratoires.
Des prélèvements de liquide respiratoire, par lavage broncho-alvéolaire et trachéal, permettent d’analyser les cellules inflammatoires présentes et d’identifier d’éventuels agents pathogènes. C’est sur l’analyse de ce LBA (=lavage broncho-alvéolaire) que le diagnostic de certitude d’un asthme équin est établi par un vétérinaire. La cause et la présence d’agents pathogènes surinfectant peut également être détecté.
Asthme équin : prise en charge
Asthme équin : prise en charge
L’amélioration et une modification de l’environnement sont les premières mesures à mettre en place avant même d’envisager de traiter l’asthme, pour éviter l’exposition aux irritants. Une ventilation efficace des écuries est essentielle pour réduire la concentration en particules fines. Le choix de la litière joue également un rôle crucial : remplacer la paille par des copeaux de bois ou d’autres litières non poussiéreuses permet de diminuer considérablement les risques d’irritation respiratoire.
Le foin, principal aliment des chevaux, doit être humidifié ou trempé avant d’être distribué afin de limiter la libération de poussières. Une autre technique de prise en charge du foin consiste à le passer dans des machines utilisant la vapeur afin de le stériliser et le débarrasser de ses allergènes. Une alternative efficace consiste à remplacer le foin sec par des bouchons de foin compressé ou de l’enrubanné. Au maximum, le pâturage devra être privilégié afin de limiter les rechutes et dans le cadre d’une prévention des crises aigues.
Lors du travail, il faudra également veiller à ce que la carrière dans laquelle évolue le cheval soit la plus humidifiée possible afin de limiter les poussières respirées lors du travail.
Traitement médicamenteux
Le traitement médical de l’asthme équin repose principalement sur l’utilisation de corticostéroïdes et de bronchodilatateurs. Les corticostéroïdes, administrés par voie orale, injectés ou inhalés, permettent de réduire l’inflammation pulmonaire et d’améliorer la fonction respiratoire du cheval rapidement. Les bronchodilatateurs facilitent quant à eux l’ouverture des voies aériennes et des bronches, procurant un soulagement rapide aux chevaux en détresse respiratoire. De l’acétylcystéine peut également être prescrite par votre vétérinaire afin de fluidifier les sécrétions pulmonaire. Cela aide à l’évacuation du mucus.
Apport des médecines complémentaires
Certaines approches alternatives peuvent être utilisées en complément du traitement médical conventionnel. La phytothérapie et l’aromathérapie sont souvent employées pour soutenir le système respiratoire du cheval. Des compléments vitaminés pour chevaux peuvent également être préconisés.
Certaines plantes aux vertus anti-inflammatoires et expectorantes permettent de réduire limiter l’inflammation des voies respiratoires et d’améliorer l’évacuation du mucus. Parmi elles, le thym est un excellent expectorant qui aide à fluidifier les sécrétions bronchiques, facilitant ainsi la respiration. La réglisse possède des vertus anti-inflammatoires naturelles et contribue à apaiser l’irritation des muqueuses respiratoires.
Les antioxydants présents dans certaines plantes sont également bénéfiques pour limiter les dommages oxydatifs causés par l’inflammation chronique. Le curcuma, grâce à sa curcumine, possède un fort pouvoir anti-inflammatoire qui peut atténuer les effets de l’asthme chez le cheval. L’ortie est aussi utilisée pour ses propriétés antihistaminiques naturelles, réduisant ainsi la sensibilité aux allergènes environnementaux.
Enfin, l’eucalyptus, sous forme d’infusion ou d’huile essentielle diffusée dans l’environnement du cheval, contribue à dégager les voies respiratoires et à favoriser une meilleure ventilation pulmonaire. L’intégration de ces solutions phytothérapeutiques en complément du traitement vétérinaire classique peut offrir une aide précieuse pour améliorer la fonction respiratoire du cheval asthmatique.
A retenir
L’asthme équin est une affection respiratoire chronique qui peut avoir un impact négatif significatif sur la qualité de vie et les performances des chevaux. Une prise en charge adaptée, combinant l’amélioration de l’environnement, un traitement médical efficace et le recours aux médecines complémentaires, permet de limiter l’évolution de la maladie et d’assurer un bien-être optimal aux chevaux asthmatiques.