La diarrhée chez le cheval est un symptôme fréquent et préoccupant pouvant refléter un déséquilibre du tube digestif du cheval. Elle se manifeste par l’émission de crottins mous à liquides, voire profus, et peut résulter de nombreuses origines : alimentaires, infectieuses, parasitaires ou liées à des troubles plus graves comme une intoxication ou une inflammation intestinale.
La diarrhée aiguë ou chronique représente un véritable défi diagnostique et thérapeutique pour le vétérinaire, en raison de ses causes multiples et de ses conséquences parfois graves sur la santé du cheval. Une gestion efficace repose sur une approche rigoureuse incluant un examen clinique complet, des analyses ciblées, et une prise en charge rapide et adaptée.
Diarrhée chez le cheval : définition
La diarrhée chez le cheval se définit comme une augmentation de la fréquence, du volume ou de la consistance liquide des excréments, traduisant une perturbation de la fonction digestive et une mauvaise absorption de l’eau, des électrolytes et des nutriments au niveau intestinal. Elle concerne souvent le gros intestin, en particulier le caecum et le côlon, bien que l’intestin grêle puisse aussi être impliqué. La paroi intestinale, enflammée ou irritée, laisse passer une quantité excessive d’eau dans la lumière du tube digestif, entraînant des selles molles ou aqueuses.
La diarrhée peut être aiguë, apparaissant brutalement, parfois en urgence, avec une évolution rapide, ou chronique, s’installant progressivement et durant plusieurs semaines. La diarrhée chronique chez le cheval adulte est souvent plus difficile à traiter et requiert une exploration approfondie.
Diarrhée chez le cheval : causes et origines
Causes non infectieuses
Les origines non infectieuses sont nombreuses et souvent liées à des erreurs de gestion ou à des facteurs environnementaux. Le changement brutal de régime alimentaire, comme une transition alimentaire mal conduite, peut déséquilibrer la flore intestinale du cheval et entraîner des troubles digestifs. Une alimentation trop riche en amidon ou pauvre en fibres perturbe le microbiote intestinal et favorise l’apparition de crottins liquides. Ces déséquilibre de la flore, aussi appelé dysbiose, sont une cause courante de diarrhée légère à modérée.
L’ingestion de sable, fréquente chez les chevaux vivant sur sol sablonneux ou nourris directement au sol, peut provoquer une irritation de la muqueuse intestinale, une inflammation chronique et une diarrhée persistante. D’autres causes incluent le stress, les troubles hépatiques ou rénaux (causes extra-digestives), les toxines présentes dans certains aliments ou plantes, ou encore la prise de médicaments comme les antibiotiques qui altèrent l’équilibre de la flore digestive.
Causes infectieuses
Les diarrhées d’origine infectieuse sont causées par des bactéries (Salmonella spp., Clostridium spp.), des parasites (strongles, ténia), ou des virus. Ces agents provoquent une inflammation de la paroi intestinale et altèrent l’absorption digestive. La diarrhée bactérienne peut s’accompagner de fièvre, de douleurs abdominales, d’un état de santé altéré et parfois de coliques. Elle est parfois sévère et nécessite une prise en charge urgente.
Les parasites intestinaux, notamment les strongles et le ténia, sont responsables de lésions de la muqueuse et d’une inflammation chronique du gros intestin. Une infestation massive peut provoquer une perte d’appétit, un amaigrissement, et des crottins mous ou moulés mêlés de liquide.
Diarrhée chez le cheval : examens à réaliser
Examen clinique
La première chose à faire en cas de diarrhée chez le cheval est de consulter un vétérinaire traitant. L’examen clinique permet d’évaluer l’état de déshydratation, la température corporelle, les bruits digestifs, la fréquence cardiaque, la consistance des selles, l’appétit et les signes de douleur abdominale. Il est essentiel pour orienter les examens complémentaires. Cela va également permettre de déterminer si la vie de l’animal est en danger ou non.
Prise de sang
La prise de sang permet de mesurer l’état d’hydratation, les protéines, les paramètres rénaux et hépatiques, et de rechercher une inflammation systémique. Une déshydratation sévère se traduit souvent par une hémoconcentration, une augmentation des protéines totales. Les protéines peuvent également fortement baisser de part la fuite de ces dernières dans la diarrhée. La prise de sang aide à identifier une cause extra-digestive ou une infection systémique ainsi qu’à poser la gravité de la diarrhée.
Autres examens : analyses de selles, échographie…
L’analyse de selle (coproscopie, culture bactérienne, PCR) est essentielle pour rechercher une origine bactérienne, parasitaire ou virale. Elle permet de détecter les salmonelles, les clostridies, ou des parasites responsables de la diarrhée chronique.
L’échographie abdominale peut révéler un épaississement de la paroi intestinale, une dilatation anormale du côlon ou du caecum, ou la présence de sable. D’autres examens comme la recherche de toxines bactériennes, la mesure du pH fécal, ou la biopsie intestinale peuvent être indiqués dans les cas complexes.
Diarrhée chez le cheval : prise en charge
Réhydratation par votre vétérinaire
La réhydratation est la priorité en cas de diarrhée aiguë. Elle peut se faire par voie orale ou intraveineuse selon la gravité de l’état du cheval. Elle vise à compenser les pertes en eau, minéraux et électrolytes. Des solutions de réhydratation orale ou des perfusions sont administrées par le vétérinaire.
Traiter la cause par votre vétérinaire
Le traitement dépend de l’origine de la diarrhée. En cas de parasitose, un vermifuge adapté est prescrit (tenicide, antiparasitaire spécifique). Pour une diarrhée bactérienne, des antibiotiques peuvent être nécessaires, bien qu’ils perturbent aussi la flore intestinale. Des anti-inflammatoires, et des pansements intestinaux (comme le charbon végétal, l’argile alimentaire ou l’argile pour cheval présent dans la plupart des compléments alimentaires pour la digestion) sont souvent utilisés pour apaiser la muqueuse intestinale. En cas de surcharge en sable, on peut administrer du psyllium.
L’alimentation est adaptée : un foin de bonne qualité, riche en fibres, doit constituer la base de la ration. Les concentrés peuvent être supprimés dans un premier temps, et une transition alimentaire douce est mise en place ensuite.
Prévenir les récidives
La prévention repose sur une bonne gestion de l’alimentation des chevaux, une transition alimentaire progressive, l’apport régulier de probiotiques et prébiotiques pour soutenir l’équilibre de la flore intestinale, et une vermifugation raisonnée. Il est aussi crucial de limiter les facteurs de stress ou d’utiliser des compléments anti-stress, d’assurer une bonne qualité de l’eau consommée et d’éviter les changements brutaux de régime.
Les compléments pour le soutien gastrique et intestinal chez le cheval à base de levures, fibres, argiles, et extraits de plantes peuvent soutenir le microbiote intestinal et aider à la gestion de la diarrhée chronique. Un suivi régulier par un vétérinaire est recommandé.
Cas particulier du syndrome de Free Fecal Water chez le cheval
Le syndrome de Free Fecal Water (FFW), est une forme particulière de diarrhée chez le cheval, caractérisée par la présence d’un liquide brunâtre ou clair qui s’écoule avant, pendant ou après l’émission des crottins moulés, sans modification majeure de la consistance du crottin lui-même. Contrairement à une diarrhée classique, les excréments restent souvent moulés, mais sont accompagnés d’un liquide qui souille la queue, les membres postérieurs et la région périnéale. Ce phénomène est fréquent chez certains chevaux adultes et peut devenir chronique, provoquant un inconfort, des irritations cutanées, et un véritable problème de gestion quotidienne pour les propriétaires.
Les causes exactes du FFW ne sont pas encore entièrement élucidées, mais plusieurs facteurs de risque sont évoqués. Parmi eux : des déséquilibres du microbiote intestinal, un stress chronique, une mauvaise gestion de l’alimentation (notamment une transition alimentaire mal conduite, ou une ration pauvre en fibres), ou encore une anomalie de motricité du gros intestin. Certains chevaux souffrant de lésions de la paroi intestinale, de colopathies chroniques, ou d’une inflammation de la muqueuse pourraient également être plus prédisposés. L’ingestion de sable, les déséquilibres de la flore intestinale, ou la cohabitation de pathologies inflammatoires et digestives sous-jacentes peuvent aussi jouer un rôle.
Le traitement du FFW repose sur une approche multimodale. Il n’existe pas de médicament spécifique, mais plusieurs mesures peuvent être mises en place :
- Révision de la ration alimentaire, avec augmentation de la quantité de fibres digestibles (foin de bonne qualité, pulpe de betterave, luzerne…) et réduction des concentrés ou grains.
- Ajout de compléments alimentaires tels que les probiotiques, prébiotiques, ou des pansements intestinaux comme l’argile alimentaire ou le charbon végétal, qui aident à rééquilibrer la flore intestinale et à protéger la muqueuse.
- Fractionnement des repas, pour réduire les pics digestifs.
- Suppression de sources de stress (hiérarchie dans le troupeau, transport, environnement changeant…).
- Cures de soutien du microbiote intestinal à l’aide de levures vivantes, voire transplantation fécale dans les cas les plus persistants.
La collaboration étroite avec un vétérinaire traitant est essentielle pour poser un diagnostic différentiel clair (en écartant une diarrhée chronique plus classique, une cause infectieuse, ou une inflammation sévère), et adapter le plan de gestion à chaque cheval. Bien que le syndrome FFW soit rarement grave en soi, il reflète souvent un déséquilibre plus global de la santé digestive du cheval, et peut entraîner une dégradation du bien-être si non pris en charge de manière appropriée.
A retenir
La diarrhée chez le cheval est un signe clinique fréquent mais multifactoriel, qui nécessite une approche rigoureuse pour en identifier la cause et mettre en place un traitement adapté. Les conséquences sur le système digestif du cheval, notamment sur la flore intestinale, peuvent être sévères si la situation n’est pas rapidement prise en charge. Qu’elle soit aiguë ou chronique, la diarrhée doit toujours alerter le propriétaire et motiver une consultation rapide. En combinant examens diagnostiques précis, soins vétérinaires adaptés, alimentation équilibrée, et mesures de prévention, il est possible de soutenir efficacement la santé digestive des chevaux et de limiter les risques de développer des troubles intestinaux graves.