La dermite estivale est une affection cutanée très répandue chez les chevaux, en particulier durant les mois chauds du printemps jusqu’à octobre. Cette maladie, aussi appelée « dermite estivale récidivante » ou simplement « gratte », touche principalement les équidés sensibles aux piqûres d’insectes, notamment les culicoïdes.
Cette article vise à apporter un éclairage scientifique sur l’origine, les signes cliniques et les stratégies de prévention de cette affection afin d’aider à gérer et limiter les symptômes de la dermite estivale chez les chevaux.
L'origine la dermite estivale
La dermite estivale est une maladie cutanée provoquée par une réaction allergique à la salive d’insectes hématophages, principalement les moucherons du genre Culicoides. Cette hypersensibilité allergique est une condition récidivante, liée à des piqûres répétées d’insectes, provoquant une inflammation importante de la peau.
Certains chevaux sont plus sensibles que d’autres, notamment ceux de races telles que l’islandais, le frison, le welsh, le poney shire ou encore le pur-sang arabe. Cette sensibilité semble avoir une composante héréditaire, bien que des facteurs environnementaux, comme la température, l’humidité ou la présence d’abreuvoirs stagnants, jouent également un rôle important.
Les piqûres d’insectes allergènes, telles que celles des culicoïdes, provoquent une réaction immunitaire exagérée (réaction d’hypersensibilité), entraînant une inflammation cutanée et de forte démangeaisons. Il est important de noter que les zones préférentielles de piqûres se situent souvent autour de la crinière, la queue, les oreilles, le ventre et parfois la tête.
L’affection est plus fréquente dans certaines régions de France, notamment les zones humides ou à température supérieure pendant la période estivale. Elle touche également les ânes et peut apparaître chez des chevaux qui n’avaient jusque-là jamais montré de symptômes, suggérant que l’allergie peut se développer avec le temps.
Les signes cliniques
Les signes cliniques de la dermite estivale sont relativement caractéristiques. La première manifestation est souvent une démangeaison intense. Le cheval se gratte de manière fréquente, au point de provoquer des lésions cutanées. Le grattage se concentre souvent sur la base de la queue et de la crinière, mais peut également toucher les oreilles, l’abdomen, voire les membres.
On observe généralement une perte de poil, des papules, une inflammation locale, des plaies suintantes ou croûteuses, et une irritabilité accrue du sujet. Chez certains équidés, les démangeaisons deviennent si fortes qu’ils peuvent se blesser gravement en se frottant contre les clôtures, les arbres ou les murs.
Des signes secondaires peuvent apparaître en l’absence de traitement :
- Surinfection des lésions ;
- Dermatoses secondaires ;
- Etat de stress chronique.
Certains chevaux semblent particulièrement touchés chaque année, de manière récidivante, d’où l’importance d’un suivi annuel adapté. La peau ainsi agressée en vient également à s’épaissir fortement donnant un aspect « cartonné » à certaines zones du corps.
Le diagnostic différentiel inclut d’autres affections cutanées comme la gale, les dermatites infectieuses ou les allergies alimentaires. Un avis vétérinaire est nécessaire pour écarter d’autres pathogènes et confirmer le caractère allergique de la condition.
La dermite estivale : traitement et prévention
Traitement
Le traitement de la dermite estivale vise à soulager les symptômes, réduire les démangeaisons et prévenir les complications secondaires. Il repose souvent sur l’application de produits anti-inflammatoires locaux (crèmes, gels, baumes) à base de corticostéroïdes ou d’agents apaisants naturels. Dans les cas plus sévères, un traitement systémique peut être nécessaire, incluant des corticoïdes oraux ou injectables sous contrôle vétérinaire.
Des shampoings dermatologiques calmants permettent de nettoyer la peau et de diminuer les irritations.
Enfin, dans certains cas, un protocole de désensibilisation allergénique peut être envisagé, bien que son efficacité soit variable selon l’espèce et le niveau de sensibilité du cheval. La durée et l’intensité du traitement doivent être adaptées en fonction de la réponse clinique du sujet.
La prévention de la dermite estivale repose sur un protocole visant à limiter l’exposition aux insectes.
Contrôle de l'environnement
Il est essentiel d’éviter les zones humides, de drainer les abreuvoirs et de maintenir les chevaux à distance des lieux propices à la prolifération des culicoïdes. Les chevaux sensibles devraient être rentrés à l’écurie durant les heures critiques d’activité des insectes (crépuscule et aube).
Barrières physiques et produits topiques
L’emploi de couvertures anti-insectes, masques et chemises spécifiques peut limiter les piqûres. En limitant les piqures, on évite les réactions allergiques qui démangent le cheval.
Des produits répulsifs naturels ou chimiques sont utilisés pour protéger la peau. Les huiles essentielles, bien que naturelles, doivent être utilisées avec prudence chez le cheval, car certaines peuvent provoquer une irritation cutanée ou une photosensibilisation.
Des shampoings dermatologiques, soins de peau pour chevaux, lotions apaisantes, gels, crèmes ou baumes cicatrisants sont aussi employés pour soulager les démangeaisons.
Gestion alimentaire et compléments
Un régime alimentaire adapté peut aider à renforcer la résistance cutanée et limiter le phénomène allergique. Certains compléments à base d’huile de lin riche en oméga-3 peuvent réduire la sensibilité du cheval.
Plan de traitement personnalisé
Chaque animal est différent. Il convient de mettre en place un protocole individualisé, adapté à la race, à la région et aux facteurs environnementaux. Un traitement efficace combine souvent plusieurs approches : protection mécanique, produits topiques, gestion alimentaire et suivi médical.
La dermite estivale est une maladie cutanée chronique et récidivante qui touche de nombreux chevaux vivant en France, surtout durant la période estivale. Provoquée par une allergie à la salive des insectes hématophages comme les culicoïdes, elle entraîne des démangeaisons intenses et des lésions cutanées. Sa prévention repose sur une combinaison de mesures environnementales, de soins cutanés et d’ajustements alimentaires.
En tant que propriétaire d’équidé, il est crucial de reconnaître les symptômes dès leur apparition et de mettre en place un plan d’action pour empêcher les grattages et l’apparition de lésions secondaires. Un suivi régulier, associé à des produits adaptés et une bonne connaissance des facteurs de risque, permet de soulager efficacement les chevaux sensibles.