Les seimes représentent une problématique fréquente dans la gestion de la santé des chevaux. Il s’agit de fissures verticales qui apparaissent au niveau de la paroi du sabot et qui peuvent aller de simples défauts esthétiques à des lésions profondes provoquant boiteries, douleurs podales et parfois créer des portes d’entrée pour des germes et ainsi causer des infections sévères. La santé du pied chez le cheval joue un rôle essentiel dans sa performance et plus globalement, dans sa qualité de vie. Une seime n’est donc pas à prendre à la légère, d’autant qu’elle peut révéler un problème plus profond lié à l’alimentation, au parage, à l’équilibre du pied ou à un traumatisme antérieur.
Comprendre l’anatomie du sabot, les mécanismes d’apparition des seimes, leur traitement et les moyens de prévention permet de mettre en place une prise en charge globale, efficace et durable. Cet article s’adresse aux cavaliers soucieux de mieux connaître cette pathologie afin d’agir rapidement, prévenir les complications et assurer la santé du cheval grâce à quelques conseils sur le long terme.
Qu’est-ce que la boîte cornée ?
Le sabot du cheval est une structure à la fois robuste et complexe, constituée de plusieurs tissus spécialisés. La boîte cornée est la partie visible du pied, composée de kératine, un tissu riche en protéines qui confère à la corne sa solidité tout en conservant une certaine souplesse indispensable pour amortir les chocs. Elle englobe la troisième phalange, repose sur la sole et est maintenue par les lamelles dermiques, garantissant la suspension de l’os dans le sabot.
Cette boîte cornée se divise en différentes zones : la paroi externe, la sole, la fourchette et le périople… La paroi joue un rôle structurel majeur et protège l’intérieur du pied. Elle pousse à partir de la bande coronaire, également appelée bourrelet périoplique, zone où naît la corne. La sole, quant à elle, protège la face inférieure du pied et participe à l’absorption des pressions. La fourchette, en forme de V, est un élément souple, richement innervé, qui participe à la circulation sanguine au niveau du pied du cheval. L’ensemble de ces structures doit être en parfaite harmonie pour assurer une croissance saine, une locomotion fluide et prévenir toute pathologie, dont les seimes.
Qu’est-ce qu’une seime ?
Une seime se définit comme une fissure verticale (=longitudinale=dans le sens de la pousse) de la paroi du sabot, qui peut apparaître de manière ascendante (de la sole vers la couronne) ou descendante (de la couronne vers la pince).
Ces fentes varient en profondeur et peuvent affecter uniquement la couche externe de la corne, ou, dans les cas graves, traverser jusqu’au tissu vivant, voire exposer la troisième phalange. La localisation de la seime est un indicateur de son origine et de sa gravité. Une seime de pince, située à l’avant du pied, est souvent le résultat d’une contrainte mécanique directe, tandis qu’une seime de quartier, sur les côtés, peut révéler un déséquilibre du pied.
Lorsqu’elle prend naissance au niveau de la couronne, on parle de seime coronaire : c’est la forme la plus préoccupante, car elle interfère avec la pousse normale de la corne.
Le danger réside dans le fait que ces fissures peuvent évoluer avec le temps, se transformer en portes d’entrée pour les bactéries, engendrer des infections profondes comme une fourmilière, des abcès du pied, voire une maladie de la ligne blanche. L’état du pied, la qualité de la corne et l’hygiène sont donc des éléments déterminants dans la formation et l’évolution de ces lésions.
Les signes d’une seime sont assez évident :
- La fissure est visible ;
- Le cheval peut présenter un pouls digité ;
- Le cheval peut avoir une corne du sabot de mauvaise qualité.
Seimes chez le cheval : origines
L’apparition d’une seime résulte généralement d’une combinaison de facteurs, où des causes internes viennent se superposer à des contraintes mécaniques externes. L’une des causes majeures reste le déséquilibre du pied. Un parage mal adapté, une ferrure incorrecte ou une usure asymétrique provoquent une mauvaise répartition des charges et des tensions excessives sur certaines zones sensibles du sabot. Une pression anormale appliquer sur la paroi, finit par la fissurer verticalement.
Par ailleurs, la qualité de la corne est un facteur fondamental. Une corne cassante, sèche ou friable résiste mal aux contraintes. Cette mauvaise qualité est souvent liée à une alimentation déséquilibrée, pauvre en nutriments essentiels tels que la biotine, le zinc ou les acides aminés soufrés, pourtant indispensables à la synthèse de la kératine. Une carence prolongée entraîne un affaiblissement de la structure cornée, réduisant la capacité du sabot à résister aux agressions.
Les conditions environnementales jouent aussi un rôle important. Une alternance fréquente entre humidité excessive (pouvant causer une pourriture de fourchette) et sécheresse entraîne une contraction puis une expansion de la corne, provoquant des microfissures qui peuvent évoluer en véritables seimes. De même, un cheval vivant sur un sol très dur, ou se déplaçant à la longue sur des terrains abrasifs, s’expose davantage à ce type de lésion.
Enfin, un traumatisme direct ou une ancienne fourbure peuvent être à l’origine de déformations durables du sabot, qui favoriseront à terme l’apparition de fissures.
Quelle prise en charge ?
Parage et prise en charge par un maréchal
Lorsqu’une seime est identifiée, la première étape pratique consiste à consulter un maréchal-ferrant, capable d’évaluer la gravité de la fissure, son évolution et l’équilibre général du pied. Le parage régulier est fondamental : il permet de réaligner les structures du pied, de répartir les charges correctement et de soulager les zones de tension. Un bon parage vise à enlever les parties instables de la paroi, tout en favorisant la croissance d’une corne saine.
Dans les cas plus graves, des techniques de stabilisation peuvent être mises en œuvre. L’application d’une agrafe métallique ou d’une résine spécialisée permet de maintenir les bords de la seime serrés, réduisant ainsi les risques de progression et de douleur. Dans certaines situations, une ferrure orthopédique ou la pose d’un fer adapté pourra être nécessaire : elle peut comporter un fer à planche, un fer en aluminium, voire une ferrure à double pince pour protéger la zone fragilisée. Le choix du type de fer dépend de l’anatomie du pied, du niveau de la sole et du type d’activité du cheval.
Une consultation chez le vétérinaire peut s’avérer indispensable, notamment si la seime est douloureuse, s’accompagne d’un abcès ou si elle atteint les tissus internes. Dans ce cas, des soins antiseptiques, des pansements ou même des traitements anti-inflammatoires peuvent être nécessaires. Un diagnostic précis permettra de déterminer la nature de la douleur, le stade de la seime et le plan de traitement à suivre.
Les compléments alimentaires , pour accélérer la pousse de la corne
Au-delà des soins externes, il est essentiel d’agir sur la cause interne de la mauvaise qualité de la corne. L’alimentation joue un rôle déterminant dans la santé du sabot. Un apport ciblé en compléments nutritionnels permet de stimuler la pousse de la corne et d’améliorer sa solidité. La biotine est sans doute le nutriment le plus connu à cet effet. Elle favorise la croissance cornée, améliore sa densité, sa résistance et sa souplesse. Combinée à des oligo-éléments comme le zinc, le cuivre, ainsi qu’à des acides aminés tels que la méthionine, elle offre une solution efficace et naturelle pour renforcer la boîte cornée.
Ces compléments doivent être donnés sur le long terme, souvent pendant plusieurs semaines, pour obtenir des résultats visibles et pour augmenter la protection du pied. L’ajout d’huiles végétales riches en acides gras essentiels, comme l’huile de laurier ou l’huile de cade, en application sur le sabot, peut également être bénéfique.
Des soins des pieds et sabots (des onguents ou cataplasmes à base de plantes) peuvent être appliqués directement sur la paroi pour maintenir une bonne hydratation et favoriser la réparation.
Biotinol
Besoins intensifs du sabotUn entretien régulier du sabot est fondamental pour éviter l’apparition de nouvelles seimes. Cela passe par une hygiène rigoureuse, un nettoyage fréquent, l’application de produits d’entretien adaptés et une surveillance hebdomadaire de l’état du pied. Une bonne gestion de l’environnement, une activité physique raisonnable et une nutrition équilibrée constituent les piliers de la prévention.
Ce que vous devez retenir
Les seimes chez le cheval sont bien plus qu’un simple défaut de la paroi : elles reflètent un déséquilibre entre l’anatomie du pied, les contraintes mécaniques et les facteurs internes comme la qualité de la corne. Leur prise en charge repose sur une approche complète, combinant parage adapté, soins vétérinaires, nutrition ciblée et entretien régulier. Un suivi attentif du pied du cheval, associé à des produits spécifiques et une collaboration étroite entre maréchal-ferrant et vétérinaire, permet non seulement de traiter efficacement la seime, mais aussi d’en prévenir l’apparition.
Grâce à une meilleure connaissance des mécanismes en jeu, il devient possible d’agir rapidement, d’éviter les complications et d’assurer au cheval une locomotion fluide et une vie sportive ou de loisir sans douleur.
