L’introduction d’un nouveau chat dans un foyer déjà occupé par un chat domestique représente un véritable défi. Contrairement à certaines espèces plus sociales comme le chien, le chat est un animal de compagnie territorial, qui peut difficilement tolérer la présence d’un congénère sans préparation. Pourtant, sous réserve de respecter certaines étapes, il est tout à fait possible de faire cohabiter deux chats durablement.
Dans cet article, nous vous expliquons comment faciliter l’arrivée d’un deuxième chat, éviter les conflits, organiser l’environnement et favoriser une cohabitation harmonieuse, qu’il s’agisse d’un chaton ou d’un adulte.
Comprendre le territoire félin
Avant toute introduction, il est crucial de comprendre ce que représente le territoire pour un chat. Cette notion, souvent abstraite pour l’humain, est pourtant centrale dans la gestion des relations entre animaux de compagnie.
Le territoire, pilier de l’équilibre félin
Le chat structure son environnement selon différentes zones : zone de repos, d’alimentation, d’élimination, de jeu. Chacune répond à un besoin spécifique. L’arrivée d’un nouvel arrivant peut désorganiser ce repérage et générer du stress, voire des comportements de marquage ou de repli.
Communication et marquage
Le chat communique principalement par l’odeur. Il dépose des phéromones faciales en se frottant, marque par les griffades ou utilise l’urine pour signaler sa présence. Ces messages olfactifs ne sont pas nécessairement négatifs : ils servent aussi à se rassurer. Respecter ces codes, c’est poser les bases d’une cohabitation plus sereine.
Comment faire cohabiter deux chats qui ne se connaissent pas ?
Chaque chat a son propre rythme. Il est donc essentiel de suivre une progression structurée, où l’on avance étape par étape sans forcer les interactions.

Étape 1
L'isolement initial du nouveau chat
Lors de son arrivée, le deuxième chat doit être accueilli dans une pièce séparée, équipée de tout le nécessaire : litière, gamelle, couchage, griffoir.
Cette phase d’isolement, de quelques jours, permet au nouveau venu de s’adapter au lieu et de créer un premier repère sans stress.
Étape 2
La familiarisation olfactive
Avant de les faire se rencontrer, on habitue les chats à l’odeur de l’autre :
En échangeant coussins, jouets ou plaids imprégnés ;
En frottant un chiffon sur l’un puis l’autre ;
En alternant les espaces d’exploration.
Ce travail d’association olfactive réduit l’effet de surprise et crée un parfum de groupe, indispensable à la sociabilité féline.


Étape 3
Les contacts visuels progressifs
Une fois les réactions olfactives stabilisées, on propose un contact visuel sécurisé : porte entrouverte, barrière ou cages de transport face à face.
Associez ces moments à quelque chose d’agréable (jeu, friandises) pour construire une expérience positive.
Étape 4
Les premières rencontres supervisées
La première rencontre physique doit se faire dans un endroit neutre, sur un temps court, sans forcer les interactions. Certains chats s’ignorent, d’autres observent à distance.
Un feulement ponctuel est normal : il signifie “garde tes distances”, pas nécessairement agressivité.


Étape 5
L'intégration progressive
Si tout se passe bien, on augmente la durée des rencontres, en laissant toujours la possibilité de se replier.
Il est essentiel que chaque chat puisse accéder aux ressources sans confrontation : cela passe par la duplication des points de nourriture, de couchage et de litières.
Combien de temps met un chat pour s’habituer à un autre ?
Entre 2 à 6 semaines.
La durée varie d’un individu à l’autre. Certains chats s’habituent en quelques jours, d’autres mettent plusieurs semaines, parfois plus d’un mois. En moyenne, comptez 2 à 6 semaines pour voir émerger des signes d’acceptation : partage d’espace, absence de conflit, voire début d’amitié féline.
Aménager l’environnement pour éviter les conflits
Le territoire partagé est la principale source de tension. Il doit être réfléchi pour permettre à chaque chat de vivre à son rythme, sans être envahi.
Faut-il deux litières pour deux chats ?
Oui.
Même plus : il faut une litière par chat, plus une supplémentaire. Ces bacs doivent être accessibles, non confinés et installés dans des zones séparées. Cela limite les marquages, la malpropreté et le sentiment d’injustice territoriale.
Comment empêcher un chat de manger la nourriture de l’autre ?
Chaque chat doit manger en sécurité. Nourrissez-les dans des pièces distinctes ou à des heures décalées. Des solutions comme les gamelles à puce électronique permettent aussi d’éviter les vols de ration et les tensions associées.
Répartition du territoire : verticalité et repli
Proposez :
Des espaces en hauteur (étagères, arbres à chat) ;
Des cachettes accessibles et confortables ;
Des voies de circulation fluides, sans impasse.
Cela favorise la cohabitation pacifique et laisse à chacun la possibilité de se retirer en cas d’inconfort.
Reconnaître une bonne ou mauvaise cohabitation
Tous les chats ne deviennent pas amis, mais certains indices permettent de savoir si la relation est sur la bonne voie.
Signes de cohabitation réussie
Une cohabitation idéale ne se mesure pas à l’affection, mais à l’équilibre. Si les chats :
Se croisent sans tension ;
Dorment dans les mêmes zones ;
Partagent des moments de jeu ;
Se toilettent mutuellement.
Félicitations, vous êtes sur la bonne voie !
Signes d’alerte
En revanche, si vous observez des poursuites, des blocages d’accès, une perte d’appétit ou des épisodes de malpropreté, ces comportements indiquent que la cohabitation est en difficulté. Un chat qui évite l’autre, se cache en permanence ou semble triste doit être protégé.
Comment calmer deux chats qui ne s’entendent pas ?
Si les tensions s’installent, reprenez les étapes d’introduction. Réduisez leur espace commun, relancez les échanges olfactifs, proposez des moments positifs séparés.
L’usage de phéromones apaisantes peut aider à restaurer un climat neutre.
Évitez les punitions ou les interventions brusques, qui aggravent la situation.
Si les comportements agressifs persistent après plusieurs semaines, consultez un comportementaliste vétérinaire : il pourra établir un diagnostic personnalisé.

Ysonis Calm
ComportementLes chats peuvent-ils se transmettre des maladies entre eux ?
Oui.
Certaines pathologies virales se transmettent facilement par contact ou par l’air. Le coryza, par exemple, est une infection respiratoire très contagieuse entre chats, provoquant fièvre, écoulements et éternuements. La calicivirose, quant à elle, entraîne de la fièvre, de la fatigue et des ulcères buccaux chez le chaton comme chez l’adulte.
Avant toute introduction, un bilan vétérinaire est indispensable. Assurez-vous que les deux chats soient stérilisés, vermifugés et à jour dans leurs vaccins.
Cas particuliers et situations spécifiques
Certaines situations nécessitent des ajustements. Voici les plus fréquentes.
Chaton et adulte : cohabitation asymétrique
L’introduction d’un chaton auprès d’un chat adulte est souvent plus simple, car il est généralement perçu comme moins menaçant. Son jeune âge et sa taille réduite désamorcent souvent les tensions initiales. Vous venez d’adopter un chat ? Cette configuration vous concerne directement, mais attention : si le chaton déborde d’énergie et de curiosité, il peut rapidement fatiguer un adulte plus calme ou âgé.
Il est donc essentiel de prévoir des temps de jeu supervisés, de respecter les besoins de repos de chacun et de surveiller les interactions. Un environnement riche en stimulations (jouets, griffoirs, zones en hauteur) permettra au jeune chat de se dépenser sans épuiser son aîné.
Réintroduction après séparation
Un chat hospitalisé ou en pension peut revenir avec une odeur différente, provoquant un rejet de la part du résident. Dans ce cas, on reprend les étapes de l’introduction, comme s’il s’agissait d’un nouveau venu.
Quand la cohabitation échoue : reconnaître les limites
Si malgré plusieurs mois, les tensions restent fortes, il peut être préférable de séparer définitivement les chats ou de confier l’un d’eux à une famille où il pourra s’épanouir. C’est une décision difficile mais parfois nécessaire, pour le bien-être de chacun.
Conseils pour une cohabitation apaisée sur le long terme
Après une cohabitation réussie, il faut maintenir un équilibre durable :
Conservez des routines stables ;
Continuez à enrichir l’environnement ;
Surveillez toute modification de comportement.
Des événements comme l’adoption d’un troisième animal, un changement de maison ou une maladie peuvent réactiver des tensions.
Ce qu'il faut retenir pour une cohabitation réussie
Chaque chat a sa propre personnalité, et lorsqu’on cherche à faire cohabiter deux individus qui ne se connaissent pas, il est essentiel de bien préparer leur rencontre. Ce type de processus ne s’improvise pas : il s’agit d’accueillir un nouveau compagnon dans un habitat déjà occupé, ce qui peut être vécu comme une intrusion si cela n’est pas fait avec patience et méthode.

Pour que chacun se sente à l’aise, il faut respecter son rythme, observer attentivement ses réactions et laisser le temps nécessaire à chaque étape. Le but n’est pas de les forcer à s’accepter, mais de leur permettre de se sociabiliser progressivement, dans de bonnes conditions. En général, les tensions peuvent être évitées si l’on sait utiliser les bons repères territoriaux et enrichir l’environnement de manière adaptée.
Qu’il s’agisse d’un mâle, d’une femelle, d’un chat très actif ou plutôt discret, tous peuvent traverser cette phase avec succès, à condition de pouvoir explorer à leur rythme, sans contrainte ni compétition. Les bagarres ne sont pas une fatalité : en respectant quelques principes simples, vous pouvez améliorer leur entente et leur permettre de réussir à vivre ensemble.
Et avec un peu de temps, vous aurez le plaisir d’entendre deux chats véritablement heureux de partager leur quotidien.