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Le coup de sang chez le cheval : définition, causes, symptômes et prise en charge

Le coup de sang chez le cheval, aussi appelé myosite, rhabdomyolyse ou maladie du lundi est une maladie musculaire qui peut avoir des conséquences graves sur la santé et la performance de l’animal. Cette pathologie touche principalement les chevaux soumis à un travail physique intense ou à une alimentation inadaptée. Son apparition peut être soudaine et se manifester par des douleurs musculaires aiguës, une raideur importante, voire une incapacité à se déplacer.

 

Il existe certains chevaux qui sont plus prédisposés que d’autres à développer des formes récurrentes de la maladie, notamment les chevaux de sport, les pur sang anglais, les quarter horses et certaines lignées de trotteurs. Il est crucial de comprendre les mécanismes physiopathologiques sous-jacents à cette affection pour mieux la prévenir et la gérer. 

 

A travers cet article, nous approfondiront la physiologie musculaire du cheval, les causes et signes cliniques du coup de sang ainsi que les stratégies de gestion et de prévention permettant de minimiser les risques.

Coup de sang chez le cheval : définition

Physiologie musculaire

Les muscles du cheval sont constitués de différents types de fibres musculaires qui présentent des caractéristiques distinctes en termes de performance et de résistance à la fatigue. On distingue principalement :

 

Les fibres musculaires de type I, qui sont riches en mitochondries et utilisent principalement le métabolisme aérobie : ce qui veut dire qu’elles utilisent l’oxygène. Elles sont particulièrement efficaces pour les efforts de longue durée et peu intenses, comme ceux des chevaux d’endurance.

 

Les fibres musculaires de type II, subdivisées en IIa et IIb. Les IIa sont intermédiaires, alors que les IIb sont plus explosifs, capables de fournir une puissance maximale sur une courte période, comme c’est le cas pour les chevaux de sprint et de course. Elles utilisent principalement un métabolisme anaérobie, ce qui veut dire qu’elles se passent d’oxygène. 

 

Lors d’un effort, le muscle se contracte grâce à un influx nerveux stimulant les filaments d’actine et de myosine, responsables de la contraction musculaire. L’un des messages perçu par la cellule se fait sous forme d’un flux de calcium. Cette contraction requiert de l’énergie sous forme d’ATP (adénosine triphosphate), produite à partir du glycogène stocké dans les cellules musculaires ou directement depuis le glucose circulant dans le sang.

Lorsque l'intégrité musculaire est mise à mal : le coup de sang du cheval

Le coup de sang survient lorsque la dégradation musculaire s’intensifie, conduisant à une lyse des cellules musculaires. Au niveau cellulaire, cet état pathologique résulte d’un dysfonctionnement dans la régulation du calcium à l’intérieur des cellules musculaires, entraînant une contraction excessive et prolongée des fibres musculaires. 

Cette hypercontractilité induit une accumulation de déchets métaboliques et des déchets oxydants, provoquant des douleurs musculaires aiguës, un stress oxydatif et une inflammation des tissus musculaires.

Les cellules musculaires lysées libèrent des enzymes comme la créatine kinase (CK) et l’ASAT, qui sont des marqueurs précoces de la destruction musculaire. 

 

De plus, la myoglobine, une protéine musculaire qui sert à fixer l’oxygène, est relâchée dans la circulation sanguine et filtrée par les reins. Son accumulation peut provoquer une insuffisance rénale aiguë, mettant gravement en danger la santé du cheval (=myoglobinurie).

Deux types de rhabdomyolyses (myosites) : sporadiques et récurrentes

On distingue deux catégories principales de rhabdomyolyses :

 

Les rhabdomyolyses sporadiques, qui apparaissent ponctuellement à la suite d’un effort inadapté ou d’un apport alimentaire excessif en amidon. Elles sont souvent associées à un manque de condition physique ou à un travail trop intense après une période de repos prolongé.

 

Les rhabdomyolyses récurrentes, plus chronique, qui ont une origine génétique et qui concernent des chevaux prédisposés. La Polysaccharide Storage Myopathy (PSSM) et le Recurrent Exertional Rhabdomyolysis (RER) sont les formes les plus connues de myopathies à stockage, affectant principalement certaines races de chevaux comme les quarter horses et les pur-sang.

Coup de sang chez le cheval : origines

Origines des rhabdomyolyses sporadiques

Les causes environnementales des rhabdomyolyses sporadiques sont multiples et incluent notamment : 

  • Une surcharge de travail après une période de long repos, sans adaptation progressive de l’exercice physique.
  • Un excès d’amidon dans la ration, augmentant le stockage de glycogène dans les muscles et favorisant la production excessive d’acide lactique.
  • Un climat chaud et humide, rendant la régulation thermique plus difficile et augmentant le risque de déshydratation.
  • Un stress important, perturbant le métabolisme musculaire et favorisant l’apparition de crampes et de contractures musculaires.

Origines des rhabdomyolyses sporadiques

Les rhabdomyolyses récurrentes, plus chronique, sont souvent associées à des mutations génétiques (=maladie génétique) affectant le stockage du glycogène ou la régulation du calcium dans les cellules musculaires. La PSSM de type 1, par exemple, est due à une mutation du gène GYS1, responsable d’un stockage excessif de glycogène sous une forme inutilisable, ce qui provoque une mauvaise gestion de l’énergie musculaire.

 

Le RER, quant à elle, concerne principalement les pur-sang et est lié à une défaillance de la régulation du calcium, entraînant des contractions musculaires anormalement prolongées. Elle touche plus facilement les juments. 

Coup de sang chez le cheval : signes cliniques et diagnostic

Signes cliniques du coup de sang

En général, le cheval refuse voir est incapable d’avancer suite à un exercice d’une intensité non adaptée ou différente de d’habitude.

 

Les symptômes du coup de sang peuvent apparaître brutalement après un effort physique, parfois même pendant l’exercice. Le cheval manifeste une raideur musculaire importante, particulièrement au niveau des masses musculaires postérieures, qui sont souvent dures et douloureuses à la palpation=crampe. Cette rigidité s’accompagne de crampes intenses, pouvant aller jusqu’à l’incapacité de se déplacer. Le cheval pourra également par la suite présenter des courbatures.

 

En plus des signes musculaires, d’autres symptômes systémiques apparaissent. Une sudation excessive est souvent observée, traduisant l’inconfort et la douleur du cheval. La fréquence cardiaque et respiratoire est augmentée, en raison de l’inflammation musculaire et du stress associé à la douleur. Dans les cas sévères, on note une augmentation de la température corporelle. L’urine du cheval peut devenir foncée, presque marron, en raison de la présence de myoglobine issue de la destruction musculaire = myoglobinurie, ce qui peut entraîner une insuffisance rénale si le cheval n’est pas pris en charge rapidement.

Diagnostic du coup de sang

Le diagnostic du coup de sang repose sur un examen clinique complété par des analyses sanguines. Lors de la prise de sang, le vétérinaire mesurera principalement deux enzymes musculaires :

 

– La créatine kinase (CK) : enzyme libérée rapidement après la destruction musculaire, son taux dans le sang est un indicateur précoce de l’atteinte musculaire. Une augmentation importante signale une crise aiguë et récente.

 

– L’ASAT (Aspartate Aminotransférase) : cette enzyme reflète des dommages musculaires plus anciens et son taux met plus de temps à revenir à la normale. Une élévation marquée indique un épisode prolongé ou récent de rhabdomyolyse. Il est plus souvent utilisé pour témoigner de la bonne résolution de l’épisode de myosite.

 

D’autres examens peuvent être réalisés pour préciser la cause de la myopathie. Pour la myopathie récurrente, des tests génétiques sont souvent recommandés pour rechercher des anomalies comme la PSSM (Polysaccharide Storage Myopathy=myopathie à stockage de polysaccharides) ou le RER (Recurrent Exertional Rhabdomyolysis). Ces examens permettent d’adapter la gestion et la prévention en fonction des besoins spécifiques du cheval.

Coup de sang chez le cheval : prise en charge

Lors de la phase aiguë : gestion par le vétérinaire

Un cheval en crise de myosite doit être immobilisé le plus possible pour éviter l’aggravation des lésions musculaires. Il est fortement déconseillé de forcer un cheval atteint de coup de sang à bouger, car cela pourrait accentuer la destruction musculaire et compliquer la récupération.

 

Dès l’apparition des premiers symptômes, il est impératif d’intervenir rapidement et de mettre en place un traitement. Le vétérinaire pourra administrer un anti-inflammatoire non stéroidien (AINS) pour soulager la douleur et limiter l’inflammation musculaire. Une perfusion intraveineuse sera nécessaire pour favoriser l’élimination des toxines musculaires et prévenir une insuffisance rénale. Perfuser permet également de réhydrater rapidement le cheval.

 

Le repos strict est essentiel. Le cheval doit être placé dans un endroit calme et confortable, idéalement dans un box avec une litière épaisse. Il est conseillé de lui offrir de l’eau fraîche en quantité suffisante pour faciliter l’élimination des déchets musculaires et éviter la déshydratation.

 

Une surveillance attentive des paramètres vitaux du cheval est nécessaire : fréquence cardiaque, respiration, température corporelle et couleur de l’urine. Toute aggravation de l’état général justifiera une nouvelle intervention vétérinaire.

La remise au travail se fera ensuite selon un protocole précis donné par votre vétérinaire afin de finaliser la récupération. 

Limiter les récidives par une gestion environnementale

Une fois la crise aiguë passée, il est crucial d’adapter la gestion quotidienne du cheval afin de prévenir les récidives. L’activité physique doit être reprise de manière progressive après une période de repos bien respectée. Un échauffement suffisant avant l’exercice et un retour au calme adapté sont indispensables pour éviter toute surcharge musculaire.

 

Le stress étant un facteur aggravant du coup de sang, il est recommandé de maintenir une routine stable pour les chevaux sujets à cette pathologie = heure d’entrainement fixe, de même que le lieu. Un environnement apaisant, avec des interactions sociales équilibrées et une gestion régulière de l’activité physique, permet de limiter les risques.

Alimentation du cheval sujet aux myosites

L’alimentation joue un rôle clé dans la prévention des crises de rhabdomyolyse. Il est recommandé de réduire la quantité d’amidon et de sucres rapides dans la ration (50g/100kg de PV/repas maximum), car un excès de glycogène musculaire favorise l’apparition des crises. On préfèrera donc limiter les céréales dans la ration. À l’inverse, une ration riche en matières grasses (huiles végétales, aliments spécifiques) permet de fournir une source d’énergie alternative aux muscles, favorisant une meilleure stabilité métabolique.

 

L’apport en protéines doit également être modéré et bien équilibré. Un excès peut générer une surcharge métabolique tandis qu’une carence pourrait limiter la régénération musculaire. Un suivi nutritionnel régulier avec un spécialiste est recommandé pour adapter la ration en fonction des besoins spécifiques du cheval.

Complémentation du cheval sujet aux myosites

L’utilisation de compléments musculaires pour cheval est souvent bénéfique pour les chevaux prédisposés aux myosites. Parmi les éléments essentiels, on retrouve :

 

Vitamine E et sélénium : puissants antioxydants, ils protègent les cellules musculaires contre les dommages oxydatifs liés à l’exercice intense. Ils aident également à la récupération après un épisode de myosites. Ils ont des effets bénéfiques sur la santé musculaire. 

 

Électrolytes pour cheval : ils favorisent le bon fonctionnement musculaire et limitent les déséquilibres ioniques pouvant déclencher une crise.

 

Oméga-3 et acides gras : ils améliorent la gestion de l’inflammation et participent au métabolisme musculaire.

 

Compléments énergétiques spécifiques : Des anti-stress pour cheval ou des produits pour la récupération pour cheval peuvent être utilisés également afin de limiter l’apparition de récidives. L’utilisation d’un complément alimentaire peut parfois permettre d’aider à la récupération et à la prévention des myosites et limiter les séquelles. Ces compléments peuvent être à distribuer tous les jours, ou seulement par petites périodes. Les dosages sont généralement indiqués sur les packaging.

 

 

Oxipherol

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Vitamine E
 
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Myodazole Flash

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Soutien de la préparation et de la récupération à un effort sportif
 
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1L
Coverlyte

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Perte d'electrolyte
 
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4.67 (3 avis)

Existe en

1L

Les coups de sang chez le cheval est une pathologie musculaire complexe qui peut gravement impacter la santé et les performances de l’animal. Une compréhension approfondie des mécanismes impliqués, associée à une gestion rigoureuse de l’alimentation, de l’exercice et du stress, permet de limiter les risques et d’optimiser la récupération. Les chevaux prédisposés doivent faire l’objet d’un suivi attentif afin d’éviter les récidives et d’adapter leur mode de vie en fonction de leurs besoins spécifiques.

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