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Remodelage/remaniement osseux chez le cheval : késako ?

Dans le langage scientifique lié à la médecine vétérinaire, de nombreux termes peuvent paraître complexes : remodelage osseux, remaniement osseux, ostéophyte, ostéolyse, kystes osseux, arthrose, ou encore syndrôme naviculaire. Ces notions reviennent fréquemment dans les contextes d’examen clinique, d’examen radiographique, en particulier dans le suivi des jeunes chevaux ou des chevaux de course et de sport. Comprendre ces processus est essentiel pour assurer une gestion efficace de la douleur et de la prévention des blessures.

 

Le remodelage osseux et le remaniement osseux sont deux processus dynamiques et évolutif prenant leur origine dans l’équilibre du tissu osseux, intervenant tout au long de la vie de l’animal. Cet équilibre est déterminant pour la croissance du squelette et la réparation des lésions osseuses. Dans certaines situations pathologiques, ces mêmes processus peuvent être détournés, menant à des affections articulaires douloureuses telles que l’arthrose, avec apparition de boiterie et de raideur.

 

Cet article se propose d’explorer de façon détaillée ces deux notions, en les replaçant dans le contexte clinique équin, avec un regard porté sur la physiologie du cheval, la prise en charge vétérinaire et les options disponibles en matière de traitement, de nutrition et de prévention.

Le remodelage et le remaniement osseux : des témoins d'arthrose mais pas que

Le remodelage osseux est un processus physiologique permanent de renouvellement du tissu osseux, impliquant deux types cellulaires principaux : les ostéoblastes, cellules responsables de la formation de matrice osseuse, et les ostéoclastes, qui assurent la résorption osseuse = grignote l’os. Le remaniement osseux, quant à lui, désigne les changements d’organisation de l’os sous l’effet de contraintes mécaniques ou de processus pathologiques, sans que la masse osseuse totale ne change nécessairement. Ces processus sont influencés par des facteurs tels que l’âge, le niveau d’exercice, le poids corporel, l’état inflammatoire, et les contraintes mécaniques exercées sur les membres du cheval. Ils jouent un rôle essentiel dans l’adaptation du squelette du cheval à son environnement et à son niveau d’activité. 

Signes cliniques

Le remodelage au niveau des articulations du cheval peut être vraiment handicapant et douloureux. Lorsque le remodelage devient pathologique ou que le remaniement s’accompagne de déminéralisation ou de destruction osseuse, certains signes cliniques peuvent apparaître. La douleur osseuse ou articulaire est fréquente, accompagnée de boiterie intermittente ou permanente. Une raideur articulaire, notamment au début de l’exercice ou par temps froid, peut être observée. Il est aussi courant de constater une diminution des performances sportives, ainsi qu’une réaction douloureuse à la palpation et des molettes articulaire signant la distension de la capsule articulaire.

Circonstances d'apparition

Ces phénomènes apparaissent fréquemment chez les jeunes chevaux en phase de croissance rapide, car leur taux de croissance osseuse est élevé. Ils surviennent aussi lors d’un entraînement intensif, en particulier chez les chevaux de course, dont les os sont soumis à de fortes contraintes, ou en cas d’anomalies de l’alignement articulaire, ce qui créent également des contraintes anormales sur les os. Les traumatismes répétés, les sollicitations excessives sur un sol inadapté, ou encore la présence de pathologies articulaires telles que l’arthrose, le syndrome naviculaire ou certaines ostéochondroses, peuvent également accélérer ces altérations du tissu osseux.

Diagnostic

Le diagnostic repose sur une approche diagnostique complète. Il commence par un examen clinique approfondi réalisé par un vétérinaire, qui observe les signes cliniques et procède à des tests de flexion et à une analyse de la locomotion. L’imagerie médicale, en particulier la radiographie, permet de visualiser l’état du tissu osseux et de détecter d’éventuels ostéophytes (zone de surproduction osseuse) ou zones de déminéralisation (zone d’ostéolyse). Dans certains cas, un scanner ou une IRM peut être indiqué pour affiner le diagnostic. 

Comment prévenir la douleur due au remodelage et au remaniement osseux ?

Gestion environnementale

Une gestion environnementale adaptée est fondamentale pour limiter les contraintes excessives exercées sur les articulations et permettre une adaptation progressive du squelette, particulièrement chez les jeunes chevaux. Cela passe par un choix judicieux des sols, particulièrement lorsque les efforts sont intenses. Ces surfaces de travail doivent être ni trop durs ni trop molles afin d’éviter les surcharges et les contraintes excessives. L’exercice doit être régulier, progressif et adapté au niveau de développement du cheval et à son type morphologique. Le contrôle du poids corporel est également important pour réduire les charges supportées par les articulations. Chez les jeunes chevaux, une attention particulière doit être donnée au rythme de croissance, afin d’éviter les excès qui favoriseraient l’apparition de troubles osseux.

Traitement médicamenteux

Différentes options thérapeutiques permettent de traiter la douleur osseuse et de contrer les effets d’un remodelage osseux excessif. Les bisphosphonate, tels que le tiludronate, sont fréquemment utilisés. Ils agissent en inhibant l’activité des ostéoclastes, ce qui diminue la résorption osseuse. Ce traitement est souvent administré par voie injectable, notamment pour traiter des affections comme l’arthrose ou la maladie naviculaire. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens permettent de réduire l’inflammation et la douleur articulaire. Des infiltrations intra-articulaires avec de l’acide hyaluronique peuvent être réalisées pour restaurer la qualité de glissement au sein de l’articulation. Toutefois, ces traitements ne sont pas dépourvus d’effets secondaires, notamment des troubles digestifs ou de troubles rénaux. Il convient donc d’adapter les doses et la fréquence d’administration selon les besoins spécifiques de chaque cheval et de prendre conseils auprès de votre vétérinaire avant tout. 

Gestion alimentaire

La nutrition peut jouer un rôle clé dans la prévention des affections osseuse et la prévention du remodelage pathologique. Un apport adapté en calcium, phosphore en prêtant une attention toute particulière au rapport phospho-calcique et autres minéraux est essentiel pour assurer une bonne minéralisation. Une supplémentation en vitamine D, en protéines et en acides aminés permet de soutenir la formation osseuse, en particulier durant les phases de croissance ou lors de périodes de récupération. L’utilisation de compléments alimentaires spécifiques, à visée articulaire, peuvent être utilisés. 

 

Ces compléments peuvent contenir par exemple de la chondroïtine, de la glucosamine ou des produits issus de la transformation du lait comme les MBP. Ces Milk Basic Protein ont d’ailleurs, dans les études scientifiques, montrées un effet sur le remodelage osseux chez la souris, l’homme et le cheval. Ces éléments peuvent également contribuer à préserver le capital articulaire. Il est important d’adapter le régime alimentaire en fonction de l’âge, de l’activité, du poids et du statut physiologique de l’animal, afin d’éviter les carences ou les excès qui pourraient compromettre la solidité osseuse.

Ce que vous devez retenir

Le remodelage osseux et le remaniement osseux sont des phénomènes essentiels à la vie du corps du cheval. Bien qu’ils soient physiologiques, ils peuvent devenir pathologiques dans certains contextes, entraînant douleurs, boiterie du cheval et altération de la performance. Une prise en charge globale, incluant une bonne gestion environnementale, un traitement adapté et une nutrition équilibrée, en collaboration avec votre vétérinaire, permet de limiter les risques et d’assurer la santé articulaire et osseuse à long terme. Les bisphosphonates, comme le tiludronate, représentent une solution thérapeutique intéressante, bien que leur utilisation doive être rigoureusement encadrée. L’apport en de l’examen clinique et des examens vétérinaires, combiné à l’analyse du contexte clinique, permet d’adapter les protocoles aux besoins de chaque cheval. Ainsi, mieux comprendre ces processus biologiques permet non seulement de traiter, mais aussi de prévenir des affections osseuses et articulaires et d’améliorer la qualité de vie du cheval tout au long de son parcours sportif ou de loisir. Les travaux scientifiques, tels que ceux publiés dans le Equine Veterinary Journal ou le Veterinary Science, contribuent à approfondir notre connaissance de ces mécanismes, et à développer de nouvelles stratégies de prise en charge, au service du système squelettique des chevaux.

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