vétérinaire qui écoute le ventre d'un chien

SDTE (Syndrome de dilatation-torsion de l’estomac) chez le chien : signes, prévention et bonnes habitudes alimentaires

Le SDTE, ou syndrome de dilatation-torsion de l’estomac, est une affection grave qui nécessite une prise en charge vétérinaire urgente. Elle peut tuer un chien en quelques heures si elle n’est pas traitée. Cette affection touche surtout les chiens de grande taille ou à poitrine profonde, mais elle peut aussi survenir chez des races de taille moyenne présentant une morphologie à risque.


Le mécanisme est brutal : l’estomac se dilate à cause d’une accumulation de gaz, de liquides ou de nourriture, puis pivote sur lui-même. Cette torsion bloque l’entrée et la sortie de l’organe, comprime les vaisseaux sanguins, perturbe la circulation sanguine et peut entraîner une nécrose de la paroi gastrique, un état de choc et des troubles cardiaques.


La clé pour préserver la santé et la vie de l’animal repose sur une détection rapide, une prise en charge immédiate et des mesures préventives adaptées.

radio d'une torsion de l'estomac chez le chien

Comprendre le syndrome
de dilatation-torsion
de l’estomac (SDTE)

Le SDTE se développe en deux étapes intimement liées, chacune aggravant la suivante :

1. La dilatation gastrique

L’estomac se remplit anormalement de gaz, de liquides ou de nourriture, ce qui provoque une distension abdominale marquée.


Cette situation survient :

  • à cause d’une fermentation rapide des aliments dans l’estomac, produisant de grandes quantités de gaz ; 

  • lors d’une ingestion trop rapide (avec beaucoup d’air, phénomène d’aérophagie) ; 

  • ou suite à un repas volumineux combinant ces deux facteurs.

La pression interne augmente, comprimant la paroi gastrique et perturbant déjà la circulation sanguine locale.

2. La torsion gastrique

Sous l’effet de cette distension, l’organe peut basculer partiellement ou totalement (de 90° à 360°).


Ce retournement gastrique :

  • bloque l’entrée (œsophage) et la sortie (pylore) ; 

  • emprisonne le contenu et les gaz, ce qui accroît encore la pression ; 

  • peut déplacer ou comprimer la rate, parfois endommager ses vaisseaux.

3. Les effets sur la circulation

La torsion coupe partiellement ou totalement la circulation sanguine dans la paroi gastrique, entraînant une ischémie (manque d’oxygène) et pouvant évoluer vers une nécrose.


Elle comprime également la veine cave, réduisant le retour sanguin vers le cœur. Résultat : le débit cardiaque chute, la pression artérielle s’effondre et un état de choc s’installe rapidement.

4. Les conséquences générales

La combinaison de la douleur, du choc circulatoire et de la libération de toxines dans le sang peut provoquer :

  • des troubles cardiaques comme l’arythmie ; 

  • des difficultés respiratoires dues à la compression du diaphragme ; 

  • une aggravation rapide vers un pronostic vital très engagé.

Comment détecter une torsion de l’estomac du chien ?

La reconnaissance rapide des signes est capitale : chaque minute compte. Les symptômes se déclarent brutalement et nécessitent une consultation vétérinaire immédiate.

Signes précoces

  • Abdomen gonflé et tendu, souvent visible dans la partie avant ; 

  • Tentatives de vomir infructueuses, parfois avec émission de mousse ou de salive ; 

  • Salivation excessive

  • Agitation, respiration rapide, difficultés à se coucher.

Signes de gravité

  • Douleur abdominale intense au toucher

  • Pâleur des muqueuses, faiblesse, abattement 

  • Effondrement dû à un choc circulatoire.

Un chien présentant ces signes doit être transporté immédiatement chez le vétérinaire, sans tenter d’attendre ou de traiter à domicile.

Les facteurs de risque du SDTE

Le syndrome de dilatation-torsion de l’estomac n’apparaît pas au hasard. Certaines caractéristiques physiques, habitudes de vie ou antécédents augmentent nettement la probabilité qu’un chien développe cette affection. Les connaître permet de mettre en place des mesures préventives ciblées.

1. Morphologie et race

Les chiens à poitrine profonde et grande taille sont les plus exposés. Leur anatomie, avec un thorax long et étroit et un estomac suspendu dans l’abdomen par des ligaments relativement souples, favorise la rotation de l’organe lorsqu’il est distendu.


Voici quelques exemples de races à risque élevé :

  • Très haut risque : Dogue allemand, Berger allemand, Saint-Bernard, Dobermann, Basset hound ; 
  • Risque important : Irish wolfhound, Weimaraner, Setter irlandais, Lévrier afghan ; 
  • Risque modéré : Labrador, Golden retriever, Boxer, Beauceron.

Plus la poitrine est profonde et étroite (rapport hauteur/largeur), plus le risque est important.

Le risque augmente avec l’âge, car les ligaments et tissus de soutien de l’estomac perdent en élasticité. Cela rend l’organe plus mobile et plus susceptible de pivoter lors d’une dilatation.

 

Les chiens de plus de 7-8 ans présentent une incidence plus élevée.

Si un parent proche (père, mère ou frère/sœur) a présenté un SDTE, la vigilance doit être renforcée. Des lignées entières peuvent montrer une incidence supérieure à la moyenne, suggérant une hérédité partielle.

Le contenu et la fréquence des repas jouent un rôle important dans la survenue d’un SDTE. Certains choix alimentaires ou habitudes peuvent augmenter la pression dans l’estomac et retarder sa vidange, ce qui favorise la dilatation et la torsion. Parmi les facteurs à surveiller :

  • Repas volumineux : surcharge mécanique qui distend l’estomac ; 

  • Nourriture riche en graisses : ralentit la vidange gastrique, prolongeant la distension ; 

  • Ingestion rapide : augmente l’aérophagie et donc la formation de gaz ; 

  • Alimentation sèche uniquement : certains travaux suggèrent que l’absence d’humidification des croquettes peut prolonger la fermentation.

Les chiens nourris avec un seul repas copieux par jour ont un risque plus élevé que ceux recevant 2 ou 3 repas fractionnés.

Au-delà de l’alimentation, certaines habitudes quotidiennes peuvent déclencher ou favoriser un SDTE, notamment lorsque l’estomac est déjà distendu. Ces situations sont à éviter, surtout pour les chiens à risque :

  • Exercice physique intense dans l’heure qui suit le repas : les mouvements brusques peuvent déstabiliser un estomac lourd ; 

  • Stress au moment de manger (compétition alimentaire, environnement agité) : favorise une ingestion rapide et une mauvaise mastication ; 

  • Changements alimentaires soudains : perturbent la flore digestive et peuvent augmenter la production de gaz.

Certains éléments particuliers, parfois méconnus, peuvent accroître le risque de SDTE, que ce soit par modification mécanique de l’estomac ou par augmentation de l’ingestion d’air :

  • Aérophagie : ingestion rapide d’air, fréquente chez les chiens gloutons ; 

  • Gamelles surélevées : contrairement à ce qui a longtemps été conseillé, elles peuvent augmenter la vitesse d’ingestion et donc le risque, sauf indication médicale spécifique ; 

  • Antécédents personnels de SDTE : même après chirurgie, le risque de récidive reste possible sans gastropexie préventive.

labrador qui mange

Combien de temps faut-il laisser ​un chien se reposer après
avoir mangé ?

Le risque de SDTE est maximal dans les 1 à 3 heures qui suivent l’alimentation.


Pour réduire ce danger :

  • Activité modérée (marche tranquille) : attendre au moins 2 heures après le repas

  • Exercice intense (course, jeu énergique, sauts) : prévoir 3 heures de repos minimum.

Ce délai permet à l’estomac de se vider partiellement et diminue la probabilité d’un retournement gastrique. Pendant cette phase, il est conseillé de fractionner les repas, d’utiliser une gamelle anti-glouton et de limiter toute source de stress alimentaire.

Quelle quantité de croquettes donner à mon chien ?

Adapter la ration à la taille, à l’état général et au niveau d’activité de l’animal est essentiel pour limiter la surcharge gastrique et réduire le risque de dilatation.
Pour déterminer la portion exacte, il est recommandé d’utiliser un outil de référence qui permet de calculer la ration de croquettes en fonction des caractéristiques du chien.

 

Idéalement, la quantité de nourriture doit être fractionnée en deux ou trois repas quotidiens plutôt que donnée en une seule prise abondante. Lui donner des croquettes de qualité, adaptées à son âge, son poids et à son mode de vie, favorise également une digestion optimale et limite la fermentation dans l’estomac.

 

Pour soutenir le confort digestif et réduire la production de gaz, certains compléments pour aider la digestion peuvent être intégrés à l’alimentation.

Que faire en cas de suspicion de torsion ?

Le SDTE est une urgence absolue nécessitant une prise en charge immédiate par un vétérinaire.


La prise en charge comprend :

  • Stabilisation (fluidothérapie, oxygénation, analgésie) ; 

  • Décompression gastrique pour retirer les gaz ; 

  • Intervention chirurgicale pour remettre l’estomac en place, retirer les parties nécrosées et effectuer une gastropexie pour réduire le risque de récidive.

L’essentiel à retenir pour protéger votre chien

Le syndrome de dilatation-torsion de l’estomac est une urgence vitale vétérinaire qui peut évoluer très rapidement et mettre en jeu la vie de l’animal.
Pour réduire le risque et agir à temps, trois axes sont essentiels :

  • Surveiller : connaître les signes d’alerte (abdomen gonflé, tentatives de vomissement infructueuses, salivation excessive, abattement) et consulter immédiatement en cas de doute ; 

  • Prévenir : adopter de bonnes habitudes alimentaires (donner des repas fractionnés, choisir une alimentation adaptée, vérifier la vitesse d’ingestion réduite, offrir du repos post-prandial de 2 à 3 heures) et éviter les facteurs déclenchants ; 

  • Agir vite : en cas de suspicion, vous devez consulter un vétérinaire sans délai pour une prise en charge rapide et urgente.

En combinant vigilance, prévention et réactivité, il est possible d’augmenter nettement les chances de survie et de préserver la santé de l’animal sur le long terme.

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