L’alimentation du cheval de course ou du cheval athlète représente un enjeu stratégique dans l’optimisation de ses performances, mais aussi dans le maintien de sa santé, de sa condition physique et de son bien être digestif. Un régime alimentaire adapté permet non seulement d’assurer un apport énergétique suffisant pour soutenir l’effort musculaire intense, mais aussi de préserver l’intégrité digestive et de favoriser une récupération optimale.
Dans ce contexte, comprendre les besoins nutritionnels spécifiques des chevaux de sport, et plus particulièrement des chevaux de course, est indispensable pour construire une ration idéale.
L’objectif de cet article est de fournir un aperçu rigoureux des bases nutritionnelles à maîtriser, des aliments à privilégier, des erreurs à éviter et des stratégies alimentaires à mettre en œuvre pour nourrir un cheval performant.
Définitions et bases de la nutrition équine
Avant de détailler les besoins nutritionnels, quelques notions fondamentales s’imposent :
UFC (Unité Fourragère Cheval) : unité permettant d’évaluer l’énergie nette des aliments pour chevaux. 1 UFC = 2 250 kcal.
MADC (Matière Azotée Digestible Cheval) : quantité de protéines digestibles réellement utilisables par le cheval.
Protéines : un des 3 types de macronutriments. Eléments essentiels à la croissance musculaire, à la réparation tissulaire et à de nombreux processus métaboliques.
Acide aminé limitant : l’acide aminé présent en quantité insuffisante dans la ration (généralement la lysine chez le cheval), limitant l’efficacité des autres acides aminés.
Glucides : divisés en fibres (structuraux) et amidon (non structuraux). L’amidon est une source d’énergie, mais un excès peut causer des troubles digestifs.
Lipides : matières grasses. Source d’énergie, ils contribuent à la forme physique et à l’endurance.
Fibres : constituant majeur du fourrage, elles assurent le bon fonctionnement de l’intestin postérieur (gros intestin) et nourrissent le microbiote digestif.
Les besoins en énergie
Le besoin énergétique d’un cheval de compétition varie selon son âge, son poids, son niveau d’entraînement, la discipline (endurance, course, concours complet, etc.) et la durée de l’effort.
Un cheval athlète de 500 kg peut nécessiter de 7 à 10 UFC, voire plus en période d’exercice intense. Il est essentiel de fournir une source d’énergie adaptée à la nature de l’effort :
Amidon
(ex. : avoine, orge, maïs)
Source d’énergie rapide. Idéal pour les efforts brefs et explosifs, mais à utiliser avec précaution car peut endommager l’estomac et perturber la microbiote.
Lipides
(huile végétale riche en oméga-3)
Source d’énergie plus lente. Utiles pour les efforts longs et modérés, comme l’endurance.
Fibres
(foin, pulpe de betterave, luzerne)
Source d’énergie lente. Fournissent une énergie plus lente et stable via la fermentation intestinale.
L’analyse de ration permettra de déterminer la bonne teneur énergétique en fonction du type d’activité et de la note d’état corporel du cheval.
Les besoins en protéines : pour la croissance, la récupération et le muscle
Les protéines sont essentielles à la récupération musculaire, à la synthèse enzymatique et à la régénération cellulaire. Les besoins en MADC dépendent du travail fourni :
Cheval au repos : environ 300-350 g de MADC/jour
Cheval à l’entraînement soutenu : 400 à 700 g/jour
Le besoin en lysine est critique, surtout chez les chevaux jeunes en développement. Un déficit de cet acide aminé essentiel peut ralentir le développement musculaire et diminuer la performance. On pourra complémenter la ration avec des produits riches en lysine ou des aliments concentrés hautement digestibles.
Oligo-éléments et vitamines : les micronutriments de la performance
Un cheval en entraînement intensif a des besoins accrus en minéraux (Ca, P, Mg, K, Na), oligo-éléments (Cu, Zn, Mn, Se) et vitamines (A, D, E, B1, B2, B6, B12, etc.). Un apport grâce à des compléments vitaminés pour cheval peuvent être utilisés.

Hymunox
Soutien de l'organisme
Performance Growth
Aliment minéral foal et yearling
Performance Essentiel
Aliment complémentaire chevaux de loisir & seniorCarences fréquentes et leurs conséquences :
Carence en sélénium : faiblesse musculaire, douleurs, stress oxydatif.
Déficit en vitamine E : baisse de la résistance à l’effort, défaut neuro-musculaire, amyotrophie…
Manque de zinc : troubles de la croissance et de la cicatrisation.
Carence en cuivre : anémie.
Une supplémentation ciblée, validée par un vétérinaire équin, permet de compenser les pertes liées à la sueur, au travail soutenu, et à la qualité variable des fourrages. Des compléments alimentaires pour chevaux de course, riche en vitamines B par exemple, peuvent également être utilisés.

Myodazole Granulés
Soutien de l'effort
Oxipherol
Vitamine E
Easy race
Soutien de l'effortLe foin : la base de toute ration, même chez le cheval athlète
Contrairement à une idée reçue, le foin reste l’aliment et une source d’énergie principale, même chez les chevaux de course. Riche en fibres, il stimule la mastication, sécurise le système digestif et prévient les ulcères gastriques.
Il doit être :
Distribué en quantité suffisante : minimum 1,5 à 2 kg/100 kg de poids vif.
De haute qualité : analysé pour sa teneur en énergie, protéines et minéraux.
Complété par des aliments concentrés si nécessaire, selon le type de travail.

Un cheval nourri avec moins de 70 % de fourrage dans sa ration alimentaire est à risque digestif élevé. Le foin joue donc un rôle clé dans la santé intestinale et la performance à long terme.
Construire une ration adaptée : conseils pratiques
- Analyser le foin et le poids du cheval.
- Évaluer le niveau d’activité (repos, préparation, exercice intense, récupération).
- Déterminer les besoins énergétiques, protéiques et minéraux.
- Choisir une gamme d’aliments complets ou de repas floconnés en fonction de l’objectif.
- Utiliser des huiles riches en oméga-3 pour améliorer la densité calorique sans augmenter l’amidon.
- Fractionner l’apport en plusieurs repas par jour pour réduire le risque d’acidose caecale ou de colique.
- Adapter le régime à chaque changement de saison, de programme d’entraînement ou de condition physique.
- Travailler avec un vétérinaire équin pour effectuer des ajustements réguliers.
Nourrir un cheval de compétition ne consiste pas simplement à distribuer plus d’aliments. Cela demande une analyse fine, une compréhension de la physiologie équine, et une adaptation constante à l’effort fourni, au type de discipline et à la condition du cheval.
L’importance des fibres, la qualité du foin, le choix des compléments, l’équilibre entre amidon, lipides et protéines, sont autant de leviers à actionner pour garantir la santé digestive, éviter les problèmes musculaires et optimiser la performance sur le long terme.
Une ration bien pensée, en lien avec les besoins réels du cheval, est un véritable outil de préparation physique, au même titre que l’entraînement, le travail musculaire et le soin vétérinaire.