Qu'est-ce que la maladie de Carré ?
La maladie de Carré est une maladie infectieuse, virale très contagieuse, qui touche principalement le chien, mais que peuvent aussi contracter certains animaux de la faune sauvage comme le renard, le furet et le raton laveur. Elle est causée par un virus de la famille des Paramyxoviridae, proche du virus de la rougeole humaine. Elle n’est pas transmissible à l’homme.
La maladie de Carré est malheureusement souvent mortelle, en particulier chez les chiots non vaccinés et les chiens immunodéprimés. Le taux de mortalité varie selon la souche du virus, l’état de santé général de l’animal atteint par le virus et la rapidité de la prise en charge. Lorsque des complications nerveuses apparaissent, le pronostic est particulièrement sombre. Même en cas de survie, des séquelles neurologiques irréversibles peuvent persister.
Il est donc important de savoir que cette maladie existe, en quoi elle consiste et ainsi comprendre qu’un chien vacciné est un chien protégé. Respecter les mesures d’hygiènes, d’isolement et de suivi recommandées par votre vétérinaire est le meilleur moyen de protéger votre animal de compagnie et les chiens qui l’entourent en réduisant les risques de contagion.
Étiologie de la maladie de Carré
Le virus responsable de la maladie de Carré est un Morbillivirus, appartenant à la famille des Paramyxoviridae. C’est un virus à ARN, enveloppé, ce qui le rend fragile dans l’environnement extérieur, mais lui permet d’échapper plus facilement au système immunitaire de l’hôte.
Le virus de la maladie de Carré présente une affinité particulière pour plusieurs types cellulaires, notamment :
Les cellules épithéliales (appareil respiratoire, appareil digestif, peau)
Les cellules du système immunitaire (lymphocytes, macrophages)
Les cellules nerveuses (neurones, astrocytes)
Ce large tropisme explique la diversité des symptômes observés chez l’animal malade au cours de l’infection.
Le virus se propage rapidement dans l’organisme après son entrée par voie respiratoire. Il envahit d’abord les ganglions lymphatiques régionaux, provoquant une immunosuppression transitoire qui favorise les infections secondaires. Ensuite, il se dissémine via la circulation sanguine (virémie) vers les organes cibles, entraînant des atteintes multi systémiques.
Symptômes de la maladie de Carré
La maladie de Carré affecte plusieurs systèmes de l’organisme, ce qui explique la diversité dans le tableau clinique. La maladie évolue, on distingue généralement trois phases, avec des symptômes variés :
Phase initiale (incubation de 3 à 7 jours) :
Fièvre modérée puis élevée (39,5°C – 41°C)
Fatigue, abattement
Perte d’appétit
Écoulements oculaires et nasaux clairs, devenant épais et purulents
Phase systémique :
Troubles digestifs : diarrhée, vomissements
Troubles respiratoires : toux, difficultés respiratoires, pneumonie secondaire
Atteinte cutanée : hyperkératose de la truffe et des coussinets (appelée « maladie des coussinets »)
Phase nerveuse (dans les cas avancés) :
Convulsions, tremblements
Désorientation, troubles du comportement
Paralysie progressive
Transmission et risques
La maladie de Carré est une maladie contagieuse. Le virus se transmet principalement par contact rapproché et direct avec des sécrétions (salive, écoulement nasal, urines, selles) d’un animal infecté. Le contact nez à nez entre deux chiots non vaccinés, surtout si l’un d’eux à une origine un petit peu floue, est particulièrement risqué. La contamination indirecte (via des objets souillés) est possible, mais moins fréquente.
Les jeunes chiots non vaccinés, les chiens âgés ou immunodéprimés sont les plus à risque. Une fois la maladie déclarée, le taux de mortalité est élevé, surtout en cas d’atteinte neurologique et signes nerveux.
Diagnostic et prise en charge
Face à des symptômes évocateurs, une consultation vétérinaire est indispensable. Le diagnostic de la maladie repose sur l’analyse des signes cliniques, des prélèvements pour analyses de laboratoires comme des tests PCR ou sérologiques afin de détecter le virus, ainsi que des examens complémentaires comme des analyses sanguines et des radiographies pulmonaires..
Traitement de la maladie de Carré
Il n’existe pas de traitement efficace spécifique contre le virus.
La prise en charge repose sur des soins de soutien symptomatique visant à stabiliser l’animal et limiter les complications.
L’hospitalisation du chien malade avec des mesures d’isolement est souvent nécessaire. La réhydratation par perfusion est essentielle pour corriger les pertes en eau et électrolytes.
Des médicaments sont administrés pour soulager les symptômes digestifs et respiratoires, et des antibiotiques peuvent être prescrits en cas de surinfection bactérienne. En présence de troubles neurologiques, des antiépileptiques peuvent être utilisés pour contrôler les convulsions. La durée et l’intensité des soins varient en fonction de la gravité de l’atteinte, avec un pronostic réservé si des complications nerveuses apparaissent.
Une surveillance vétérinaire prolongée est souvent nécessaire après la guérison pour gérer d’éventuelles séquelles.
Séquelles possibles
Les chiens qui survivent à une infection par la maladie de Carré peuvent conserver des séquelles à long terme.
Des troubles neurologiques chroniques, tels que des tics nerveux, des convulsions récurrentes ou des difficultés de coordination, peuvent persister.
Une atteinte du système immunitaire est également possible, rendant l’animal plus vulnérable aux infections secondaires.
Dans certains cas, des modifications cutanées irréversibles, comme une hyperkératose des coussinets, sont observées.
Prévention : la vaccination, un rempart essentiel
La prévention repose principalement sur la vaccination, qui est efficace et fortement recommandée. La maladie de Carré fait partie de la vaccination de base, les « core vaccines », qui se retrouvent dans une même préparation :
- Maladie de Carré (CDV – Canine Distemper Virus)
- Hépatite de Rubarth (CAV-1 – Canine Adenovirus Type 1)
- Parvovirose canine (CPV – Canine Parvovirus)
Le protocole de vaccination comprend une première injection chez le chiot dès l’âge de 6 à 8 semaines, suivie d’1 ou 2 rappels à 1 mois d’intervalle. Ensuite, des rappels réguliers sont à réaliser selon les recommandations vétérinaires, rappel annuel ou tous les 3 ans, selon le vaccin utilisé et le protocole du vétérinaire. Les rappels sont indispensables pour maintenir une protection efficace tout au long de la vie l’animal. D’autres mesures préventives incluent la limitation des contacts avec des animaux suspects, la désinfection des lieux de vie en cas de contamination et une hygiène rigoureuse.
Les visites vétérinaires régulières, la vaccination et la vermifugation correcte et complète, ainsi qu’une alimentation de qualité restent les piliers fondamentaux d’une bonne santé.
Prévention en élevage
Dans les élevages canins, la prévention de la maladie de Carré repose sur des mesures rigoureuses d’hygiène et de biosécurité. La vaccination systématique des reproducteurs et des chiots est essentielle pour limiter la propagation du virus. Une attention particulière doit être portée aux nouvelles arrivées : toute introduction d’un nouvel animal dans l’élevage doit être précédée d’une quarantaine et d’un contrôle sanitaire. La désinfection régulière des locaux, des gamelles et des équipements réduit également le risque de contamination. Enfin, éviter les contacts avec des animaux potentiellement infectés, notamment dans les expositions et concours, est une précaution importante pour préserver la santé des chiens d’élevage.
Considérations importantes lors de l'adoption d'un chien
Lors de l’adoption d’un chien, il est essentiel de s’assurer que celui-ci a reçu une primo-vaccination complète et à jour contre la maladie de Carré. Les chiots adoptés dans des élevages sérieux ou des refuges responsables doivent avoir reçu leur première vaccination et disposer d’un carnet de santé attestant des soins reçus.
Il est également recommandé d’éviter d’adopter un chiot trop jeune, car les anticorps maternels commencent à diminuer autour de 6 à 8 semaines, rendant la vaccination essentielle. Un chien provenant d’un environnement à risque, comme un élevage surpeuplé ou un refuge avec des antécédents de maladies infectieuses, doit être examiné par un vétérinaire dès son adoption pour évaluer son état de santé et mettre en place un protocole de protection adapté. La maladie de Carré peut être considérée comme un vice rédhibitoire chez le chien en France, selon l’article L213-1 du Code rural et de la pêche maritime. Cette classification signifie qu’un acheteur peut demander l’annulation de la vente et obtenir un remboursement si son chien est diagnostiqué avec cette maladie dans un délai de 30 jours après l’achat. Toutefois, pour faire valoir ce droit, un certificat vétérinaire confirmant la maladie est nécessaire.
Pour les chiens recueillis dans la rue ou venant de pays où la maladie est encore présente, un bilan vétérinaire approfondi est recommandé.
Enfin, une période de quarantaine et une surveillance accrue peuvent être nécessaires pour éviter toute propagation du virus à d’autres animaux du foyer. C’est un discours de sensibilisation que l’on entend souvent pour la rage, à juste titre. Il est important de savoir que la rage n’est pas la seule affection qu’un chien peut ramener dans ses valises.
La maladie de Carré est une affection redoutable qui peut être évitée grâce à la vaccination. Si votre chien présente des symptômes suspects, une consultation vétérinaire rapide est essentielle pour optimiser ses chances de survie. La vigilance et la prévention restent les meilleures armes contre cette infection grave. Vous trouverez également les principaux conseils pour maintenir son chien en pleine forme, dans notre rubrique conseils.